L'eau a roulé sur les grèves de Gaspésie depuis ces jours de 1995 où Nomade sédentaire, irrésistible chanson tiraillée entre appel du large et désir d'enracinement, inondait les ondes radios et révélait au Québec un artiste d'exception. L'album Pigeon d'argile, dont la pièce était extraite, comportait plusieurs petites perles (Father On The Go, Boomerang, Seigneur…) devenues rapidement autant de classiques de la chanson d'ici.
Lancé en 1998, l'album Grand parleur, petit faiseur confirmait le talent et l'originalité du chanteur, né sur la Rive-Sud de Montréal mais élevé à Nouvelle, dans la Baie-des-Chaleurs, et dont les mots ont toujours conservé les accents d'un rapport privilégié à l'espace, à la mer, à l'horizon. Enfant chéri du public, Kevin Parent accumule depuis honneurs et succès, sans jamais perdre la profonde authenticité qui a toujours guidé ses choix artistiques comme professionnels. Dans cette voix si distinctive, dans ces mots témoignant des doutes et espoirs qui l'habitent, c'est d'abord la vérité qui touche, qui donne au folk rock de Kevin Parent son caractère si personnel et si envoûtant.
Au tournant de l'an 2000, après deux premiers disques dont chacun s'est écoulé à plus de 350 000 exemplaires, après avoir brûlé les planches à travers le Québec et récolté plusieurs Félix (rien qu'en 1996, au Gala de l'ADISQ, il avait raflé ceux d'Interprète masculin de l'année, de Chanson populaire de l'année (Seigneur) et d'Auteur-compositeur-interprète de l'année), le chanteur a besoin de poser son bagage. Kevin Parent, parfois mal à l'aise dans le tourbillon de la célébrité, reprend son souffle et prépare Les vents ont changé. Le disque paraît à l'été 2001, riche de collaborations avec Claire Pelletier, Catherine Durand, Gillian Farabee, Tony Levin, Bill Dillon… Encore une fois, le public est au rendez-vous, et des chansons telles Caliente ou Father On The Go part 2 font un malheur.
Début 2002, une tournée solo va mener Kevin Parent aux quatre coins du Canada, jusqu'à Yellowknife, tournée dont les meilleurs moments seront gravés sur l'album Retrouvailles, paru en octobre 2003. L'année d'après, les spectacles reprennent de plus belle, avec des arrêts à Woodstock en Beauce et une foule d'autres festivals, sans oublier le grand concert d'ouverture des FrancoFolies de Montréal, intitulé Le vent, la mer, le roc, mémorable réunion de trois artistes emblématiques de leur génération: Daniel Boucher, Kevin Parent et Éric Lapointe.
Durant les années suivantes, Kevin Parent passe beaucoup de temps à Montréal, traverse une période qu'il qualifie de «très sociale», voit beaucoup ses amis, fait du sport, pratique à l'occasion la chasse. Il porte les préoccupations d'un jeune trentenaire dans une époque jamais simple. Il séjourne également à New York, le temps d'y enregistrer quelques maquettes avec Malcolm Burn (en résulte un titre sur l'album à paraître, Every Now and Then). En parallèle, il fait montre d'un attachement réel à la péninsule gaspésienne, s'implique dans certaines causes liées à la sauvegarde de son environnement.
Fin 2006 paraît une compilation, un album où il sert ses plus grands succès, en plus de collaborations passées comme Down in Mexico (avec les Porn Flakes) et de se glisser dans la peau du Petit roi de Jean-Pierre Ferland.
Au printemps 2007, Kevin Parent réalise un vieux rêve, celui de lancer un album en anglais, cette langue dont il dit qu'elle n'est pas sa langue maternelle, mais en quelque sorte son «son» maternel… Fangless Wolf Facing Winter s'ajoute à l'une des discographies les plus inspirées de la chanson québécoise, lui apportant une couleur unique, révélatrice d'un imaginaire toujours en mouvement.