Des amis qui deviennent un groupe; le groupe qui se met au défi de finir une chanson, puis un projet; le projet qui fait naître l’ambition d’aller le plus loin possible, et LLA devient le «trio de l’heure», des «ambassadeurs de la nouvelle vague du rap» et «the shit that gets you crunk as fuck».
Mais Loud, Lary et Ajust sont dans le rap un peu par défaut. Parce que c’est le médium le plus commun de leur génération. Parce que c’est plus simple qu’apprendre la guitare, mais que ça impressionne autant les filles. Adoptant la formule de plus en plus rare du «groupe mutuellement exclusif», LLA crée en cercle fermé, et tend à ne privilégier que des élus qui ne viennent pas du rap.
Ils sont le produit d’une époque aussi étrange que merveilleuse, qui permet d’imaginer Poison, Drake, Joy Division, Migos, Metallica et Emile Cioran remontant le boulevard St-Laurent en Volvo, les fenêtres baissées au mois de février.
Des rock stars ils ont retenu le «vivre vite, mourir jeune et laisser un beau cadavre à ses fans»; ils ont pris des rappeurs l’obsession pour le verbe «obtenir». Qu’ils visitent les sommets hilares des abus ou le puits noir des limites de la condition humaine, ils recherchent le même frisson, l’émotion brut à adapter en formules-chocs et à distiller en chanson.
Cela fait de LLA un électron libre difficilement réductible, une décharge chaotique destinée à ceux qui veulent vivre intensément les montées comme les descentes.