Docteur Goulet et Monsieur Mono.
Depuis une quinzaine d'années, un personnage inclassable et protéiforme promène dans notre paysage musical sa silhouette reconnaissable entre toutes. Occupant tour à tour les devants de la scène ou la position retranchée du maître des consoles, il trace une trajectoire inusitée, dont la seule devise est l'amour d'une création sans compromis et de l'émotion faite musique. Leader des Chiens, formation rock au long cours, mais aussi arrangeur et réalisateur hautement respecté, créateur du singulier personnage de Monsieur Mono, Éric Goulet a le rare don de changer tout ce qu'il touche en art.
Les Chiens, groupe fondé en 1997 et toujours actif, c'est son école, sa famille. Avec cinq albums au compteur, un pedigree scénique des plus étoffés – on verra Les Chiens sur la scène du Festival d'été de Québec, des FrancoFolies de Montréal, aux Jeux de la Francophonie, en 2001, où ils représentent le Québec, en tournée québécoise en compagnie du Français Daran… –, la formation née des cendres de Possession Simple canalise tout ce qu'il y a de plus urgent, de plus cru chez Goulet, le pan le plus rock de sa personnalité. Mais ce lecteur de Romain Gary, Orson Welles ou Boris Vian a lui aussi une forme de double, une personnalité que le public connaissait moins et qui verra le jour sous les traits de Monsieur Mono. La création d'un tel alter ego permettant, selon lui, de «faire des choses qu'on ne ferait pas sinon.»
Monsieur Mono, c'est un peu le Mister Hyde à l'intérieur de Goulet, qui nous fait entendre une voix plus intimiste, presque secrète. En 2005, paraît sous le pseudonyme Pleurer la mer morte, un ensemble de titres inspirés d'une peine d'amour. De ce «succès involontaire», pour reprendre les termes du principal intéressé, on retient entre autres les émouvantes «L'Océan» et «Tout autour», ainsi que la très belle relecture opérée en tandem, avec Mara Tremblay, de «Love Hurts», une chanson d'abord associée à Roy Orbison.
En parallèle, Éric Goulet réalisateur ne tarde pas à se distinguer. Récipiendaire d'un prix MIMI en tant que réalisateur du deuxième album des Chiens, il posera bientôt sa griffe sur les opus de Vincent Vallières, Jean-François Fortier, WD-40, Yann Perreau et, plus récemment, Alexandre Champigny. Autre belle aventure, inattendue celle-là: en 2006, Claude Poissant lui commande deux musiques pour la création d'une pièce de théâtre qu'il est en train de mettre en scène, La Fête sauvage, signée Mathieu Gosselin. Musiques qui vont se retrouver, sous une forme un peu différente, au coeur du prochain projet solo de Mono/Goulet.
En février 2008, l'aventure de Monsieur Mono se poursuit en effet à travers Petite musique de pluie. Un album personnel et planant, qui marque l'arrivée de l'artiste au sein de la famille Audiogram.
L'artiste est de retour avec un nouvel album intitulé Le Grand Nulle Part. Encore une fois l'émotion et la beauté dansent ensemble au son d'une musique simple et lumineuse, où la mélancolie et le romantisme mènent le bal.