Zaz

Une âme à nu, un regard qui se plante dans le vôtre, une voix qui vous scrute, voici le visage de Zaz tel qu’il apparaît sous les lumières crues du vidéaste Laurent Humbert pour éclairer sa nouvelle chanson, Je pardonne : « Je pardonne pour oublier / Je pardonne pour respirer / Pour arrêter de remuer / Les couteaux dans mes plaies / Je pardonne pour faire de la place / Pour laisser glisser mes angoisses / Et pour reconnaître l’enfant / Que j’étais dans la glace. » Zaz, dans la splendeur de ceux qui ont dansé au bord du volcan et que la beauté des chaos intérieurs imprègne, ne s’était jamais autant ressemblée. On pourrait écrire rassemblée, tant ses colères contenues, ses drames et ses passions enfouies, comme ses vives écorchures, nimbent d’une lumière intense ce sixième album – le premier dans une nouvelle maison de disques, en France, tôt Ou tard – enregistré sous le signe de la réconciliation et de la réparation. L'album Sains et saufs est distribué au Canada par Audiogram.
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Une âme à nu, un regard qui se plante dans le vôtre, une voix qui vous scrute, voici le visage de Zaz tel qu’il apparaît sous les lumières crues du vidéaste Laurent Humbert pour éclairer sa nouvelle chanson, Je pardonne : « Je pardonne pour oublier / Je pardonne pour respirer / Pour arrêter de remuer / Les couteaux dans mes plaies / Je pardonne pour faire de la place / Pour laisser glisser mes angoisses / Et pour reconnaître l’enfant / Que j’étais dans la glace. » Zaz, dans la splendeur de ceux qui ont dansé au bord du volcan et que la beauté des chaos intérieurs imprègne, ne s’était jamais autant ressemblée. On pourrait écrire rassemblée, tant ses colères contenues, ses drames et ses passions enfouies, comme ses vives écorchures, nimbent d’une lumière intense ce sixième album – le premier dans une nouvelle maison de disques, en France, tôt Ou tard – enregistré sous le signe de la réconciliation et de la réparation. L'album Sains et saufs est distribué au Canada par Audiogram.
Après quinze années d’une carrière menée tambour battant autour du monde, l’immarcescible interprète du tube Je veux (2010) a pu s’offrir un album dont elle rêvait. Un recueil de chansons éminemment personnelles dont le propos ne manquera pas de s’ouvrir à l’universel tant il recèle de récits biographiques. Marqué par la mort du père, cet objet de la résilience abrite toute une galerie de personnages, vagabonds célestes qui, tous, convergent vers une seule et même destinée : des trajectoires pleines de bleus, épinglées au champ d’honneur des solitudes enfiévrées, des espoirs rabougris et des amours endeuillées. De son grain de voix fêlé, Zaz leur insuffle vie à travers d’impétueuses guitares Nylon (Mon Cœur, tu es fou) ou bien d’un picking pop-folk printanier (Sains et saufs) quand on n’y entend pas un piano bastringue tout droit sorti d’un cabaret de Kurt Weill (J’imagine que tu sais). Les tourments de l’âme ne connaissent pas de frontière sociale. « Pour chaque chanson, je souhaitais qu’un thème précis soit abordé. J’ai longuement échangé avec mes auteurs, nous explique celle qui a également mis la main à la pâte. Ces chansons, je les voulais sur mesure. » Laurent Lamarca et Jean-Étienne Maillard (Sains et saufs), Noé Preszow (Je pardonne, Au pays des merveilles, Que des liens, ou la compo de Mon Cœur, tu es fou sur un texte de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad ), Vianney (Mon Dieu) et, bien naturellement, Raphaël, ont longuement accompagné l’artiste dans son travail. Le chanteur, fidèle des débuts (Une Fée, Éblouie par la nuit), s’est réservé quelques plages en clair-obscur (J’imagine que tu sais, Bleu de la nuit), et même fendu d’un duo avec Zaz (Une Passerelle vers la mer).
Pas un hasard si les mots « voix » et « vie » partagent chez elle la même initiale. Zaz, une star venue de nulle part – Indre-et-Loire –, a eu une existence assez mouvementée pour que l’acte de chanter ne se traduise pas uniquement par la coïncidence d’une oreille affûtée. Quincy Jones fut l’un des premiers à en comprendre le potentiel international. En 2014, celui devenu alter ego émérite de Michael Jackson participait à la production de l’album dévolu aux standards emblématiques de Paris. Trois ans avant lui, le cinéaste Martin Scorsese l’avait choisie pour participer à la bande originale de son film Hugo Cabret. Il est vrai que cette jeune Française ne s’embarrassant pas des mondanités, possède toutes les facultés vocales pour ne pas s’attarder sur les problèmes de fuseaux horaires. Ainsi, sans jamais céder aux injonctions d’un globish mal ajusté, on l’aura entendue dans la langue de Barbara, de l’Allemagne à la Colombie, de la Pologne à l’Espagne. Franchement, depuis Édith Piaf, quelle chanteuse française est capable de remplir en un battement de cils une salle comme le Luna Park à Buenos Aires (8.000 places) ? Mais les chiffres – 2 millions de spectateurs à l’international ainsi que 5 millions d’albums vendus et plus de 2 milliards de streams – ne sont rien sans les fêlures d’une voix prompte à surmonter les obstacles de la langue.
Au mois de décembre, elle a choisi d’emprunter le circuit des clubs pour tester ses nouvelles chansons. À la faveur d’une tournée européenne essaimant de Madrid à Prague via Utrecht, Berlin ou Bratislava, Zaz s’est mis ses nouvelles compos en bouche avant de les enregistrer en studio. La chanteuse, enfin délestée de toutes ses addictions – café, cigarettes, alcool, viande –, s’avance vers le micro, entourée d’un quartet jazz.
Le geste ramené à l’essentiel, elle laisse sa voix s’élever dans le plus vibrant recueillement d’émotions domptées. Oublié, la chanteuse qui, jadis, s’épuisait à vouloir convaincre son public. « Je chantais fort de crainte qu’on ne m’entende pas, explique la nouvelle jurée de l’émission The Voice France. J’ai compris depuis que je devais cohabiter avec toutes les émotions qui me constituent. Faire la paix avec soi-même, c’est nuancer sa voix, accepter qu’on ne pourrait pas forcément changer le monde. C’est comprendre que ce à quoi l’on résiste persiste. Lâcher à l’intérieur, c’est ne plus rencontrer d’opposition à l’extérieur. »
Elle s’est alors rendue à Bruxelles, studio Kitchen, fondé par le tandem issu du groupe Puggy. Lorsque la nuit tombait, sur les play-back orchestres fournis par Romain Descampe (basse, guitares, programmations) et Ziggy Franzén (batterie, claviers, percussions), elle a enregistré ses voix jusqu’à 3 heures du matin, profitant que le brouhaha de la ville s’estompe. « Elle chante beaucoup d’un coup, souhaitant de belles prises globales plutôt que de bricoler des montages, expliquent les Puggy. À sa voix très mature se mêle quelque chose de très enfantin. Elle peut se montrer à la fois tendre et rock’n’roll. Elle n’hésite pas à crier si la chanson l’exige. Et elle le peut sans que sa voix faiblisse. En cela, la comparaison avec Piaf n’est pas déplacée. »
Elle aurait pu continuer longtemps encore à chanter car, chez elle, c’est une nécessité, un exutoire, un défi même à se risquer dans les tonalités les plus délicates (les hauteurs du Bleu de la nuit). Elle a écouté, réécouté, poussé ses réalisateurs dans leurs retranchements, pinaillant sur une note que d’autres n’auraient pas entendue. « Avec nous, tout le digital passe par l’analogique, expliquent les réalisateurs. Comme à la grande époque, on sait qu’il faut parfois laisser des imperfections pour que la musique prenne vie. », rompant avec cette maladie de lisser toute émotion au cordeau d’une perfection clinique… Ils se sont même plu à distordre des reverbs, pour ajuster la musique au propos. Alors, elle a encore chanté parce que c’est son seul langage pour trouver sa route. Elle devait encore chanter quand les Puggy ont commencé à mixer. Ils avaient du pain sur la planche, vingt-cinq titres dont seule une quinzaine restera gravée sur l’album. Mais, à les entendre, on saisit le sens que lui donne la chanson d’ouverture, titre de l’album : « On n’entre pas dans les cases / On n’est pas fait pour vivre en cage / On n’est pas pareils, on est fous / On est plusieurs, on est flous. » Sains et saufs ne dit pas autre chose : être populaire, toucher des cœurs, atteindre des foules, se raconter au plus intime tout en restant debout. Irrémédiablement.
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