Peu importe son origine, sa religion ou ses convictions, la musique rassemble les gens, tisse des liens et crée des rapprochements. C'est d'ailleurs à cette rencontre que nous convie Afrikana Soul Sister. Un voyage entre l'Afrique et l'Amérique, un pied dans la tradition et l'autre dans modernité.
Une aventure guidée par les rythmes électroniques de Jean-François Lemieux, aux arrangements et à la basse, les chants de la griotte Djely Tapa et les percussions de Joannie Labelle et de Fa Cissokho. « Dans un contexte où certains tentent de semer la division, c'est important pour nous de porter un message. Celui que nous sommes tous des humains portés par les mêmes valeurs, et ce, malgré nos différences », explique Jean-François Lemieux.
Une philosophie qui teinte toute la démarche artistique du groupe, créé sous l'impulsion du bassiste qui a accompagné les plus grands noms de la musique québécoise, dont Daniel Bélanger, Jean Leloup, Kevin Parent et Ariane Moffatt.
« J'avais envie de mettre sur pied un projet musical avec une dimension plus profonde, plus spirituelle », raconte-t-il. Déjà attiré par les rythmes d'ailleurs, c'est au cours d'un voyage en Afrique de l'Ouest et après avoir collaboré avec Youssou N'Dour que Jean-François Lemieux découvre que, sous sa cadence envoûtante, la musique africaine plonge ses racines dans des traditions millénaires. « En fait, la musique joue un rôle social qui dépasse le concept de vedettariat », explique celui qui gravite autour de l'industrie depuis qu'il a 15 ans.
De retour à Montréal, il décide de partir à la rencontre de la diaspora africaine pour mieux décoder les symboles qui se cachent sous ces rythmes traditionnels. C'est dans ce périple qu'il rencontre Djely Tapa, Malienne descendante d'une lignée d'au moins sept générations de griots, qui cherche à moderniser son art. " Dans les sociétés africaines, l'enfant de griot est destiné à être l'oreille, la mémoire collective, le conseiller, le médiateur... Et c'est par la musique, les chants, la danse qu'il porte ces messages. Mais il faut être capable de s'adapter aux réalités d'aujourd'hui pour continuer à rejoindre les gens ", explique-t-elle. Ainsi, Afrika Soul Sister réussit à atteindre cet équilibre entre l'ouverture et la tradition, sans dénaturer le message. La musique devient alors un point de rencontre et d'échange entre deux univers. « On touche aussi différents sujets dans nos chansons comme le rapport avec la nature, la force du travail, la beauté de la vie, souligne Jean-François Lemieux. Ce sont des thèmes de base que la société moderne néglige souvent. »
Le résultat : une musique qui décoiffe, des rythmes endiablés, une énergie palpable, une complicité évidente entre les membres du groupe et bien sûr, un message social omniprésent. Une recette qui a du succès, puisque leur premier album éponyme, lancé en 2017, s'est classé dans le palmarès des 50 meilleurs albums de l'année par ICI musique. Sans compter qu'Afrikana Soul Sister a également été en nomination aux galas de l'ADISQ et aux GAMIQ.
« Mais je pense que c'est vraiment en spectacle qu'on peut percevoir l'essence du groupe, note Djely Tapa. Dans la musique et les rythmes, plusieurs messages passent, et ce, au-delà des mots et des dialectes de nos chansons. Mais surtout, c'est un moment privilégié qui permet de laisser tomber ses préjugés pour vivre une expérience positive ensemble. » Pas étonnant qu'Afrika Soul Sister ait enflammé les planches dans plusieurs festivals au Québec et que le groupe soit fin prêt à conquérir le reste du monde. Une histoire à suivre !