Quand on lui demande une image pour décrire son dernier disque, Aliocha répond spontanément : « La mer. La Méditerranée, en Grèce, où j’ai composé et écrit la plupart des chansons de cet album».
Exilé à Athènes pour six mois de tournage, Aliocha est loin de celle qu’il aime. Proche de la mer et du bleu du ciel. Entre les prises, le comédien redevient musicien et compose. Pour la première fois en français, il raconte ce qui lui traverse le cœur avec sa voix si singulière, où la fragilité se mêle à l’élégance. À l’image de tout ce disque, qui oscille entre une sensibilité joyeuse et une mélancolie sexy.
Tout commence loin de la Méditerranée pourtant, à Montréal. Les parents d’Aliocha ont quitté Paris pour changer d’air, partir à l’aventure. Le Québec accueille cette famille d’artistes. Le père est danseur, les frères touchent à tout. Mais la musique, elle, joue un rôle à part. Comme un canal de communications secret entre Aliocha et Vadim, son frère aîné. Un langage rien qu’à eux. Il lui offre ses premiers disques et l’abreuve de clips YouTube. Aliocha se rêve alors en pop star.
Il commence le chant à 10 ans, et prend ses premiers cours de guitare à 13. Plus il avance dans la musique, et plus l'école l'ennuie. Il se met à écrire ses propres chansons, d'abord en anglais. «L'anglais est plus instinctif pour moi», explique Aliocha. «Et j'écoute beaucoup de musique anglophone.»
Vient la rencontre avec Jean Leloup, son parrain de chanson, qui le pousse vers le studio. Son premier disque, Eleven Songs, paru sur Audiogram, est produit par Samy Osta (La Femme, Feu Chatterton). Aliocha y célèbre ses influences folk de Dylan à Eliott Smith. Eleven Songs, très remarqué, le fait reconnaître et lui offre ses premières expériences sur scène (Festival de Jazz de Montréal, Les Inrocks Festival, FEQ, FME en plus d’une tournée qui le mène partout au Québec et en Europe). Il enchaîne avec un second disque, Naked, où les sonorités brutes le poussent à se mettre à nu, à dévoiler ses côtés les plus sombres.
En 2020, pour contrer le repos forcé par la pandémie, Aliocha s’essaye à un nouvel exercice: il traduit un de ses morceaux en français. Cela donne C’est tout, c’est rien. Une première tentative très bien reçue, qui le pousse à continuer. «C’est un vrai travail supplémentaire pour moi d’écrire en français. Mais quand j’y arrive, ce qui en sort est encore plus fort, encore plus intime.»
Comme si en français, Aliocha s’ouvrait davantage, sur l’amour, la relation à distance, les désirs et les rêves. Poussé par son nouveau réalisateur et arrangeur, Marc-André Gilbert (Charlotte Cardin, Ariane Moffatt), et les influences qu’ils partagent (Mac Miller, Rodrigo Amarante, Shuggie Otis), Aliocha tente d’autres sonorités, d’autres compositions: une guitare presque hawaïenne, une harmonie insulaire, des chœurs solaires. Le tout révélé par le mix de Mark ‘Spike’ Stent (Miley Cyrus, Ed Sheeran, Harry Styles). Le troisième album d’Aliocha Schneider est paru en septembre 2023 sur Audiogram.